
J’écris ces premières lignes dans un contexte particulier. Depuis un mois, le monde est en pause. 3 milliards d’êtres humains sont confinés chez eux par la pire crise sanitaire de la génération. Une pandémie qui fait passer tout le reste au second plan. Je me demande comment on en parlera dans un siècle. Le confinement de 2020? La première réclusion mondiale? Le contexte est inédit, angoissant. Mais pour moi qui ai la chance d’être en bonne santé, il m’aura aussi permis de me recentrer. De penser à ce qui compte le plus pour moi, à ce qui me permet de tenir dans une période difficile comme celle-là.
J’ai la chance de vivre à la campagne. Et en ce printemps passé à la maison, une chose m’a fait plus d’une fois oublier la crise. Voir par la fenêtre un cerisier du japon se parer de rose, puis le vent emmener ses pétales et les remplacer par des feuilles vertes. Les collines au loin se couvrir du jaune du colza et les verger devenir blancs. Si l’économie est à l’arrêt, la nature elle continue. Et en y réfléchissant, c’est sans doute là une des choses qui me donne le plus de joie. Apprécier ce que chaque saison et chaque journée a à donner. La chaleur des premiers rayons de soleil du printemps. L’odeur des arbres en fleurs ou de la pluie. Le goût d’une framboise ou d’un potiron.


Hier était une journée d’avril si chaude et ensoleillée qu’on aurait pu être en juin. Après une après-midi passée au jardin j’ai vu mon chien rentrer le ventre jaune de s’être roulé dans les pissenlit. Les fleurs étaient gorgées de pollen et cela m’a donné envie d’en profiter moi aussi. On sait que la dent-de-lion est délicieuse en salade mais on connaît peut-être moins le goût de sa fleur. Je ne vais pas mentir, elle n’est pas aussi aromatique que celle du sureau, mais son petit goût floral est délicat et sucré. Je suis descendue dans le verger devant la maison qui est jaune de fleurs et en ai cueilli quelques dizaines pour les transformer en gelée. Il faut détacher tous les pétales avant de les faire cuire. La tâche est un peu ardue mais le résultat est magnifique. La couleur est le plus impressionnant, de jolis pots jaunes, presque une gelée royale offerte par la prairie!
C’était une belle journée, de celles qu’on aimerait garder en mémoire. Alors j’ai voulu la raconter ici. Pour ne rien en oublier, et peut-être essayer de la revivre l’année prochaine.